Préface et Index aux Opera Posthuma de Spinoza
Traduction du latin, présentation et notes par Maxime Rovere, Payot & Rivages, 2017.

Leurs vies sont si inséparables qu’ils ont écrit leurs œuvres en écho les uns aux autres : entre Bento de Spinoza, Jarig Jellesz et Lodewijk Meyer, l’amitié a été aussi forte, l’intimité aussi grande qu’entre Montaigne et La Boétie. Meyer a donné à Spinoza l’essentiel de sa physique ; Jellesz l’a introduit à une spiritualité mêlant rationalisme, sensibilité et goût du dialogue. A partir de ces éléments, Spinoza, d’année en année, n’a cessé d’écrire des textes que Jellesz et Meyer ont patiemment relus, commentés, corrigés, traduits – jusqu’à ce qu’ils les publient tous en même temps, à la mort de leur ami, sous le titre Opera Posthuma.

La préface des Opera Posthuma est donc à la fois un témoignage d’amitié jeté à la face de la mort, et l’un des textes fondateurs du ‘spinozisme’. Jellesz et Meyer y livrent les interprétations qu’une longue fréquentation de Spinoza leur a permis d’avoir du philosophe. Par petites touches, ils évoquent son rapport à Descartes – comme moyen plus que comme ‘maître’ – ses travaux en optique – comme science plus que comme artisanat – et son ardeur à l’étude. Ce texte sobre et pudique est la première apparition publique de l’homme, avant que les biographes Lucas et Colerus n’entreprennent de compléter cette élégante silhouette par un travail approfondi, et que l’article Spinoza, du Dictionnaire de Pierre Bayle, n’achève de construire la légende.

Cette édition comporte aussi l’index des Opera Posthuma, dans lequel les amis proposent des définitions des termes de Spinoza tels qu’ils les comprenaient. Cette présentation d’une pensée en morceaux laisse entrevoir des raccourcis suggestifs, des perspectives inachevées, où le lecteur découvre des pans entiers de philosophie illuminés dans de brusques éclairs.